vendredi 1 avril 2016

Être noir : une bénédiction ou une malédiction? Chapitre 3

Fort de cela, la question de savoir de quelle couleur était Jésus demeure très pertinente. Aucun texte biblique ne met en exergue un Jésus blanc ou noir alors que sa lignée montre que le peuple d’Israël a connu plusieurs métissages. Or, le concept de race qui présente des frontières très précise n’arrive pas vraiment à conceptualiser les phénomènes de métissage. Rappelons ici que les notions de couleur n’étaient pas significativement incluses dans l’environnement des auteurs de la Bible. 

Cela n’a jamais été pertinent. Même Paul, confondu une fois avec un Égyptien révolté (Actes 21 :38), eut à dire : « il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Galates 3 :28). Jamais il n'a dit qu'il n'y a ni de blancs ni de noirs. Le concept de race n’était pas pertinent pour lui, car à cette époque, les relations, même de domination, -on se souviendra d’Onésime-, ne sont pas fondées sur les races. Jacques, le demi-frère de Christ se considérait comme son esclave (doulos en grec) (Jacques 1 :1). Une analyse de la récurrence montre en ce sens que, dans la Bible, les 57 fois que l’Ancien testament fait référence au terme race et les 15 fois que le Nouveau testament l’y emploie, elle n’était jamais associée à la couleur de la peau. C’est pourquoi, il faut reconnaître que la Bible dans son ensemble ni les évangiles en particulier ne peuvent faire l’objet d’une récupération en termes de race. Une telle conceptualisation s'avère aujourd'hui dangereuse et malsaine, l’objectif de l'AUTEUR PRINCIPAL n’étant pas de nous diviser mais de nous rassembler comme cette Église multiethnique décrite dans Actes 13 :1 qui comportait aussi des Noirs.
On a même montré que plusieurs croyants dans la Bible étaient des Noirs et ils s’inscrivaient dans une démarche de foi. L'histoire de la passion a-t-on vu s'est construit dans une collaboration avec un Noir. Pour ainsi dire, Dieu n’a jamais regardé les hommes à partir de leur couleur mais plutôt à partir de leur cœur. Il a donc créé la différence alors que l’homme, à travers ses discours racisés, a créé l’inégalité. Une théologie « Noire » ou une théologie « Blanche » ne peut donc que se servir de cadres interprétatifs qui segmentent la Parole et l’instrumentalisent à des fins idéologiques. La portée du message du Christ dépasse les clivages raciaux qui ne constituent qu’une distraction aux conséquences néfastes. Ce que Dieu veut c’est de ne nous rassembler au delà des catégories humaines socialement construites. Son projet n’a pas de couleur: Il nous regarde tous comme des êtres humains également imputables devant Lui.

Rédigé par Joseph Jr. Clorméus
© Ministère ResureXion 2016
Tous droits réservés.

Être noir : une bénédiction ou une malédiction? Chapitre 2




Dans un deuxième temps, on a soulevé les enjeux épistémologiques entourant l’opérationnalisation du concept « Noir ». Quand on dit « les Noirs », de qui parle-t-on ? Être noir, c’est quoi ? On a évoqué plusieurs exemples : un bébé blanc né de parents noirs sans ancêtres blancs, un Noir et une Blanche qui ont enfanté deux jumelles respectivement blanche et noire, de Noirs aux cheveux blonds et aux yeux bleus, etc. pour montrer les difficultés catégorielles liées au statut de race. On a constaté que les métissés ne faisaient pas l’objet de classification alors que l’utilisation de la couleur de la peau n’était pas un critère suffisant notamment quand la personne partageait les grands traits d’une autre race. Dès lors, les assises scientifiques du concept de race sont difficiles à établir. Même la sociologie a abandonné le mot race pour parler d’ethnies, concept moins problématique. Il y a par contre, a-t-on souligné, une construction sociale, très ambiguë sur laquelle se fonde la notion de race, laquelle permet d’une part de faire des catégories, et d’autre part de fonder des hiérarchies arbitraires basées sur des idéologies inscriptibles dans un projet de domination. Un projet dont le mouvement de la négritude va contribuer à saper le fondement en formulant les bases d’une reconstruction identitaire pour le Noir. Dans cette mouvance, Haïti a reconstruit le mot nègre pour lui accorder une universalité de sorte que ce mot s’appliquera aujourd’hui aussi bien à l’homme blanc qu’à l’homme noir.
Ce projet d’assujettissement de l’autre, a-t-on constaté, dans la deuxième partie de la conférence, a pris forme dans les tentatives de justification théologique que l’Église a concoctées pour promouvoir l’esclavage des Noirs qui devaient succéder à la main d’œuvre indienne quasiment décimée par les traitements cruels, inhumains et dégradants dont ils faisaient l’objet. Cette théologie a consacré une place prépondérante au mot race et a informé le cadre discursif sur lequel s’appuyaient les sociétés esclavagistes ? Elle fut en partie fondée sur la malédiction de Canaan, petit fils de Noé, fils de Cham qui est l’ancêtre des Noirs, selon les données archéologiques. On a vu que Cham avait d’autres enfants Noirs et que c’est seulement la lignée de Canaan qui fut maudite pour être esclave de ses frères. Encore est-il dit, esclave de ses frères (Genèse 9 :22-25). Les autres enfants de Cham, qui sont les frères de Canaan, vont occuper, l’Égypte, le berceau de la civilisation humaine, l’Éthiopie (Esaïe 20 :5), l’une des plus grandes nations qui étaient souvent l’oppresseur du peuple d’Israël et la Lybie. Moïse, lui-même, auteur du pentateuque, élevé dans la sagesse des Pharaons, épousa Séphora une femme noire. Pourquoi le ferait-il si la race de celle-ci était maudite ? Finalement, on a conclu que la malédiction des Noirs était une construction théologique qui ne tenait pas. Bien au contraire, le Noir est béni, et plusieurs textes bibliques peuvent être alignés dans cette optique, parce que plusieurs Noirs font partie de l’histoire de la Bible qui est une histoire de métissage depuis le début, car il y eut plusieurs grands personnages de la Bible après Moïse à avoir pris des femmes noires et donné conséquemment une descendance qui avait du sang de Noir dans les veines. Tout le problème est autour du statut racial à accorder à ceux qui étaient métissés. À quelle race appartiennent-ils ? Cette question est d’autant plus importante lorsque l’on sait qu’aujourd’hui on ne peut pas parler de race pure. Cela n’existe pas scientifiquement. C’est même un non sens, une absurdité totale.




Rédigé par Joseph Jr. Clorméus

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Être Noir : une Bénédiction ou une malédiction?


La première partie concerne les catégories dans lesquelles le Noir est souvent enfermé, notamment dans l’espace diasporique. Par exemple, il est perçu comme étant agressif, incapable d’organisation et d’unité, le plus souvent pauvre et peu intelligent. Pour essentialiser ce groupe socio-identitaire, on considère comme une exception le fait que plusieurs sujets noirs se démarquent de ce qui leur est attribué comme catégorie. La conférence a montré le fait que la division, le désordre, la violence ou la pauvreté n’avaient pas de couleur. Même plus, d’autres nations n’ayant pas de Noirs dans leur population sont dans des conditions précaires avec une infrastructure socioéconomique qui laisse à désirer. Quand on fait l’histoire, il faut périodiser. Ce principe normatif permet de découvrir que ceux qui sont appelés Noirs, furent pendant un certain temps les grands dirigeants de ce monde. La couleur ne peut vraiment pas aider à prédire les comportements humains qui sont l’expression de la combinaison complexe de plusieurs facteurs à la fois social, culturel, caractérologique, génétique, mental... Par contre, l’internalisation des représentations dominantes relatives aux Noirs comporte un lot de conséquences majeures sur ceux qui se considèrent comme Noirs, surtout quand ils ne connaissent pas leur histoire de manière à opérer un dépassement. C’est dans cette optique que l’on a vu que le rôle des médias dans la perpétuation de certains stéréotypes pouvait affecter la manière dont se construisait l’identité de l’homme noir ou plutôt de certains hommes noirs.
Écrit par Joseph Jr. Clorméus
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