vendredi 1 avril 2016

Être noir : une bénédiction ou une malédiction? Chapitre 2




Dans un deuxième temps, on a soulevé les enjeux épistémologiques entourant l’opérationnalisation du concept « Noir ». Quand on dit « les Noirs », de qui parle-t-on ? Être noir, c’est quoi ? On a évoqué plusieurs exemples : un bébé blanc né de parents noirs sans ancêtres blancs, un Noir et une Blanche qui ont enfanté deux jumelles respectivement blanche et noire, de Noirs aux cheveux blonds et aux yeux bleus, etc. pour montrer les difficultés catégorielles liées au statut de race. On a constaté que les métissés ne faisaient pas l’objet de classification alors que l’utilisation de la couleur de la peau n’était pas un critère suffisant notamment quand la personne partageait les grands traits d’une autre race. Dès lors, les assises scientifiques du concept de race sont difficiles à établir. Même la sociologie a abandonné le mot race pour parler d’ethnies, concept moins problématique. Il y a par contre, a-t-on souligné, une construction sociale, très ambiguë sur laquelle se fonde la notion de race, laquelle permet d’une part de faire des catégories, et d’autre part de fonder des hiérarchies arbitraires basées sur des idéologies inscriptibles dans un projet de domination. Un projet dont le mouvement de la négritude va contribuer à saper le fondement en formulant les bases d’une reconstruction identitaire pour le Noir. Dans cette mouvance, Haïti a reconstruit le mot nègre pour lui accorder une universalité de sorte que ce mot s’appliquera aujourd’hui aussi bien à l’homme blanc qu’à l’homme noir.
Ce projet d’assujettissement de l’autre, a-t-on constaté, dans la deuxième partie de la conférence, a pris forme dans les tentatives de justification théologique que l’Église a concoctées pour promouvoir l’esclavage des Noirs qui devaient succéder à la main d’œuvre indienne quasiment décimée par les traitements cruels, inhumains et dégradants dont ils faisaient l’objet. Cette théologie a consacré une place prépondérante au mot race et a informé le cadre discursif sur lequel s’appuyaient les sociétés esclavagistes ? Elle fut en partie fondée sur la malédiction de Canaan, petit fils de Noé, fils de Cham qui est l’ancêtre des Noirs, selon les données archéologiques. On a vu que Cham avait d’autres enfants Noirs et que c’est seulement la lignée de Canaan qui fut maudite pour être esclave de ses frères. Encore est-il dit, esclave de ses frères (Genèse 9 :22-25). Les autres enfants de Cham, qui sont les frères de Canaan, vont occuper, l’Égypte, le berceau de la civilisation humaine, l’Éthiopie (Esaïe 20 :5), l’une des plus grandes nations qui étaient souvent l’oppresseur du peuple d’Israël et la Lybie. Moïse, lui-même, auteur du pentateuque, élevé dans la sagesse des Pharaons, épousa Séphora une femme noire. Pourquoi le ferait-il si la race de celle-ci était maudite ? Finalement, on a conclu que la malédiction des Noirs était une construction théologique qui ne tenait pas. Bien au contraire, le Noir est béni, et plusieurs textes bibliques peuvent être alignés dans cette optique, parce que plusieurs Noirs font partie de l’histoire de la Bible qui est une histoire de métissage depuis le début, car il y eut plusieurs grands personnages de la Bible après Moïse à avoir pris des femmes noires et donné conséquemment une descendance qui avait du sang de Noir dans les veines. Tout le problème est autour du statut racial à accorder à ceux qui étaient métissés. À quelle race appartiennent-ils ? Cette question est d’autant plus importante lorsque l’on sait qu’aujourd’hui on ne peut pas parler de race pure. Cela n’existe pas scientifiquement. C’est même un non sens, une absurdité totale.




Rédigé par Joseph Jr. Clorméus

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