Dans
un deuxième temps, on a soulevé les enjeux épistémologiques entourant
l’opérationnalisation du concept « Noir ». Quand on dit « les Noirs », de qui
parle-t-on ? Être noir, c’est quoi ? On a évoqué plusieurs exemples : un bébé
blanc né de parents noirs sans ancêtres blancs, un Noir et une Blanche qui ont
enfanté deux jumelles respectivement blanche et noire, de Noirs aux cheveux
blonds et aux yeux bleus, etc. pour montrer les difficultés catégorielles liées
au statut de race. On a constaté que les métissés ne faisaient pas l’objet de
classification alors que l’utilisation de la couleur de la peau n’était pas un
critère suffisant notamment quand la personne partageait les grands traits
d’une autre race. Dès lors, les assises scientifiques du concept de race sont
difficiles à établir. Même la sociologie a abandonné le mot race pour parler
d’ethnies, concept moins problématique. Il y a par contre, a-t-on souligné, une
construction sociale, très ambiguë sur laquelle se fonde la notion de race,
laquelle permet d’une part de faire des catégories, et d’autre part de fonder
des hiérarchies arbitraires basées sur des idéologies inscriptibles dans un
projet de domination. Un projet dont le mouvement de la négritude va contribuer
à saper le fondement en formulant les bases d’une reconstruction identitaire
pour le Noir. Dans cette mouvance, Haïti a reconstruit le mot nègre pour lui
accorder une universalité de sorte que ce mot s’appliquera aujourd’hui aussi
bien à l’homme blanc qu’à l’homme noir.
Ce
projet d’assujettissement de l’autre, a-t-on constaté, dans la deuxième partie
de la conférence, a pris forme dans les tentatives de justification théologique
que l’Église a concoctées pour promouvoir l’esclavage des Noirs qui devaient
succéder à la main d’œuvre indienne quasiment décimée par les traitements
cruels, inhumains et dégradants dont ils faisaient l’objet. Cette théologie a
consacré une place prépondérante au mot race et a informé le cadre discursif
sur lequel s’appuyaient les sociétés esclavagistes ? Elle fut en partie fondée
sur la malédiction de Canaan, petit fils de Noé, fils de Cham qui est l’ancêtre
des Noirs, selon les données archéologiques. On a vu que Cham avait d’autres
enfants Noirs et que c’est seulement la lignée de Canaan qui fut maudite pour
être esclave de ses frères. Encore est-il dit, esclave de ses frères (Genèse 9
:22-25). Les autres enfants de Cham, qui sont les frères de Canaan, vont
occuper, l’Égypte, le berceau de la civilisation humaine, l’Éthiopie (Esaïe 20
:5), l’une des plus grandes nations qui étaient souvent l’oppresseur du peuple
d’Israël et la Lybie. Moïse, lui-même, auteur du pentateuque, élevé dans la
sagesse des Pharaons, épousa Séphora une femme noire. Pourquoi le ferait-il si
la race de celle-ci était maudite ? Finalement, on a conclu que la malédiction
des Noirs était une construction théologique qui ne tenait pas. Bien au
contraire, le Noir est béni, et plusieurs textes bibliques peuvent être alignés
dans cette optique, parce que plusieurs Noirs font partie de l’histoire de la
Bible qui est une histoire de métissage depuis le début, car il y eut plusieurs
grands personnages de la Bible après Moïse à avoir pris des femmes noires et
donné conséquemment une descendance qui avait du sang de Noir dans les veines.
Tout le problème est autour du statut racial à accorder à ceux qui étaient
métissés. À quelle race appartiennent-ils ? Cette question est d’autant plus
importante lorsque l’on sait qu’aujourd’hui on ne peut pas parler de race pure.
Cela n’existe pas scientifiquement. C’est même un non sens, une absurdité
totale.
Rédigé par Joseph Jr. Clorméus
© Ministère ResureXion 2016
Tous droits réservés.
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